Ce dimanche 4 mai 2025 en fin d’après-midi, c’est dans cette atmosphère singulière, entre ciel et mer, qu’une foule nombreuse s’est réunie pour célébrer les 400 ans de la chapelle. Une cérémonie empreinte de ferveur et d’émotion a été présidée par Monseigneur François Touvet. La messe solennelle, accompagnée des chants de l’ensemble Lou Raioulet, a résonné sur les hauteurs du Cap Sicié, face à une assemblée recueillie.
À l’issue de l’office, une plaque commémorative a été dévoilée, gravant dans la pierre cet anniversaire marquant. La philharmonique La Six-Fournaise a ponctué la célébration de ses accents musicaux, avant que les participants ne partagent un verre de l’amitié, dans un esprit de convivialité propre aux traditions locales.
Un poste de veille ancestral sous surveillance seynoise
Le sommet du Cap Sicié, surplombant la Méditerranée, était déjà occupé au Moyen Âge, avec des traces d’une première installation humaine remontant à février 1352. À l’époque, une simple cahute permettait aux guetteurs de scruter l’horizon, dans le but de prévenir les incursions maritimes. Ce système, hérité des pratiques antiques des Phocéens, reposait sur l’allumage de feux d’alerte dès qu’un navire inconnu approchait.
En 1589, les autorités locales décidèrent d’ériger une véritable tour de guet, renforçant ainsi le rôle stratégique du site pour la défense de la côte seynoise et varoise. Des sentinelles de la garde royale y étaient postées, armées de longues-vues, prêtes à transmettre des signaux visuels à la population.
1625 : un éclair sacré change le destin du lieu
L’année 1625 marque un tournant mystique : un violent orage frappe la tour, la détruit partiellement… sans faire de victime. Les habitants y voient un signe divin. Dans un élan collectif, une première procession est organisée, une croix est dressée au sommet et les dons affluent. Une chapelle est alors construite et dédiée à Notre-Dame de Bonne Garde, patronne des marins.
Un site naturel et spirituel à couper le souffle
Par sa position, la chapelle surplombe de manière spectaculaire la mer et les reliefs varois. Même George Sand, de passage, fut frappée par la majesté du lieu. Elle écrivit :
« Au pied de la chapelle, le précipice est vertigineux. On plonge à pic, parfois en encorbellement sur la mer… La paroi est très belle, des brisures nues, traversées tout à coup par des veines de végétation obstinée, des arbres nains… En face, il n’y a plus que la mer… Une brume irisée au bord, mais compacte à l’horizon, faisait de la Méditerranée une fiction, une sorte de rêve où passaient des navires qui semblaient flotter dans le vide. »
Aujourd’hui encore, qu’on y accède par La Seyne-sur-Mer ou qu’on la contemple depuis Six-Fours, Notre-Dame-du-Mai reste un repère sacré et un joyau du patrimoine local, à la croisée de l’histoire, de la foi et des paysages vertigineux de la côte varoise.