
« 2024 a été une année exceptionnelle pour la Douane à bien des égards. » Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics est venue étayer son propos à La Seyne-sur-Mer, où est amarré le Jean-François Deniau. La base Méditerranée d’Orange Marine met en effet l’un de ses quais à disposition du plus grand des trois patrouilleurs de la Direction nationale Garde-côtes des douanes (DNGCD). La ministre a été accueillie par le maire Nathalie Bicais, qui l’a accompagnée durant son déplacement.

Amélie de Montchalin a tout d’abord rappelé que les événements de l’année écoulée (organisation des JO Paris 2024, passage du cyclone Chido à Mayotte, émeutes en Nouvelle-Calédonie) avaient nécessité « une mobilisation absolue » des différents services douaniers. Elle a loué, au moment de présenter les résultats chiffrés, « le sens de l’intérêt général » d’agents « en première ligne contre ceux qui veulent gangrener notre pays » et leur engagement « parfois au péril de leur vie ». La ministre des comptes publics a ainsi fait part de « saisies historiques » dans tous les domaines : stupéfiants, armes, tabac de contrebande, contrefaçons…
Lutte contre le narcotrafic
Dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, plus de 110 tonnes de stupéfiants, tous produits confondus, ont été saisies (17,7 % de plus qu’en 2023 au niveau national), dont près d’une tonne en région Paca et Corse. L’ensemble équivaut, en valeur financière, à 1,2 milliard d’euros.
Les saisies de cocaïne ont pratiquement doublé entre 2023 et 2024, atteignant un niveau « sans précédent » : 21 tonnes, « le plus haut résultat depuis 10 ans ». Niveau record également pour les saisies d’ecstasy : 5,8 millions de cachets. Dans le même temps, « 92 réseaux ont été démantelés », indique Amélie de Montchalin. « Chaque tonne saisie, chaque réseau démantelé est une victoire de plus pour le respect de la loi », assène t-elle.
Lutte contre le trafic d’armes
Les services de la Douane doivent faire face à « un crime organisé agile et sophistiqué », la « prolifération d’armes à feu et d’explosifs », l’impression 3D devenue plus accessible, facilitant la fabrication et le transport d’armes… Dans ce contexte, plus de 600 000 armes, munitions et parties d’armes ont été saisies en 2024. Parmi elles : 881 armes à feu (+13 % par rapport à 2023) dont 147 armes de guerre (+44%), 18 274 explosifs.
Lutte contre le tabac de contrebande
Quant au tabac de contrebande, « un fléau qui finance l’activité criminelle et détruit le commerce de proximité », la ministre annonce que 489 tonnes ont été saisies, pour un montant de 158,5 millions d’euros et que trois usines ont été démantelées. Pour autant, selon elle, « les défis de fond ne pourront être relevés qu’à l’échelle européenne ». Amélie de Montchalin se dit en outre « favorable à une limitation plus stricte de la quantité de tabac pouvant être ramenée en France » depuis l’étranger.
Lutte contre les fraudes financières

« Il nous faut aller chercher le produit du trafic, frapper là où ça fait mal, c’est à dire au portefeuille, poursuit la ministre en charge des comptes publics. 600 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis ou identifiés en 2024 ». Soit trois fois plus qu’en 2023. « Cette stratégie financière qui consiste à asphyxier le trafic porte déjà ses fruits », affirme-t-elle. Là encore, des « niveaux inédits » sont atteints avec « 20 milliards d’euros de flux illicites mis au jour ». Aussi faut-il « tarir le problème à la source, avant que l’argent ne disparaisse à l’étranger via des sociétés opaques. »
Lutte anti-contrefaçon

Autre « record absolu » : 21,5 tonnes d’articles ont été retirés du marché. Le trafic de contrefaçons est décrit comme « un phénomène massif et en forte expansion, facilité par la mondialisation des échanges et le développement du commerce en ligne ».
Il s’agit à présent de répondre à « un double défi », précise la ministre : « Avec le retour de la frontière, il est essentiel que la mission historique de la Douane prenne toute sa part et de s’assurer que les produits importés en France respectent la réglementation. » Il en va en effet de la santé et de la sécurité des consommateurs.
« Le deuxième défi, continue Amélie de Montchalin, concerne le dumping qui résulte de la massification des flux générés par le e-commerce ». L’objectif étant de « traiter ce déferlement de marchandises plus efficacement ».