De l’Antiquité à nos jours : L’héritage rural seynois

Des premières villae romaines, aux bastides du XVIe et aux campagnes du XIXe siècle, la toponymie seynoise révèle le passé agricole de la commune*.

Les céréales, la vigne et l’olivier. Le tiercé méditerranéen a été mis en valeur dès l’Antiquité par des villae (NDLR : exploitations agricoles) de Léry à Tamaris en passant par la Petite Garenne. De l’autre côté de la rade, Télo-Martius, nouvellement fondée, en bénéficie. Les invasions barbares contraignent bientôt les habitants à ériger des villages fortifiés. Ce qui n’empêche pas les Six-Fournais (dont La Seyne dépend alors) de conduire leur bétail aux fontaines de Berthe, dans l’Oïde ou aux Moulières. L’habitat dispersé ne réapparaît qu’au XVIe siècle, avec la pacification de la Méditerranée.

Vers 1530, les abbés de Saint-Victor cèdent leurs grands domaines aux “manants” qui vont construire les premiers hameaux. Bastides des Daniel à Peyron, hameaux des Martinenq (voir notre article la campagne Raybaud toujours en activité), des Beaussier, des Bastian et des Tortel partagent puits, aires de battage du blé et patec (basse-cour, passages communs pour les animaux d’élevage, abreuvoirs). Au quartier Berthe, une bastide environnée de terres agricoles appartient à la famille Rainaud. De 1692 à 1830, on passe ainsi de 126 à 294 bastides. Chacune intègre logement du paysan, des animaux, du matériel et des espaces de production.

Au cours du XIXe siècle, les notables seynois enrichis grâce aux activités maritimes investissent dans des domaines de plus de 10 hectares. Un placement sûr qui permet par ailleurs de vivre en autarcie. Les maraîchers, horticulteurs, laitiers et éleveurs de moutons ou de cochons y oeuvrent. A l’instar du quartier Berthe, celui des Gabrielles, à proximité de Janas, est alors une plaine agricole au sol riche et profond. Les paysans vont alors profiter du développement des chantiers navals pour écouler leurs productions aux ouvriers sur le “marché aux herbes” (futur Cours Louis-Blanc).
Leurs exploitations deviennent alors des “campagnes” (campagne Garnier, campagne Revest), marquant le passage d’une économie à demi-autarcique à une économie de marché. L’espace rural devient alors un objet de consommation. Et le XXe siècle voit l’urbanisation se développer à ses dépens. L’enquête agricole de 1929 comptait 665 propriétés agricoles à La Seyne. Il n’y en avait plus que trois en 2021.

* D’après l’article de Joséphine Moretti. Revue de la société des Amis du Vieux Toulon et de sa région N° 139, paru en 2018

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