« Nous devons veiller, en tant qu’autorité politique locale, à ce que les principes républicains soient respectés dans notre commune, dans tous les aspects de la vie publique, dans les associations sportives et culturelles tout en assurant que chacun puisse – ou pas – pratiquer une religion ». En préambule à cette deuxième réunion du conseil de la laïcité, l’adjoint à la Politique de la ville, Cheikh Mansour, a tracé le cadre dans lequel devaient s’inscrire les valeurs de la laïcité.
A ses côtés, Djamel Misraoui, formateur expert laïcité et gestion des faits religieux, a conduit cette réunion en évoquant tour à tour la restauration scolaire, la pratique sportive ou encore les demandes de carrés confessionnels dans les cimetières.
Concernant la restauration scolaire, Séverine Garcin, de la direction Familles et politiques éducatives, a rappelé que « l’éveil au goût et la socialisation étaient les priorités de la Ville et que, dans la mesure du possible, le service municipal s’adapte aux régimes particuliers. »
« Il suffit d’échanger en amont, dans un cadre serein. Hors des polémiques et dans le respect, la laïcité s’applique facilement », assure pour sa part Nourdine Nana, président de la MAEFE.
Présidente de Femme dans la cité, Catherine Martinez rappelle qu’il y a pu y avoir des refus, de la part des salariés, de cuisiner du porc dans leur restaurant Le Petit Prince : « Le dialogue est nécessaire. Nous sommes une entreprise d’insertion et à ce titre, préparer les personnes à la vie active revient à appliquer les principes de laïcité. »
Pour l’association Nouvel Horizon, Abderraman Bassim-Eloi raconte que pour leur dernière « plancha citoyenne » à l’adresse des 14-18 ans, « 80 % demandaient du sans porc ». « L’idée est d’échanger, à l’instar des menus vegan, végétariens ou des allergènes, pour se caler au plus prêt des préoccupations… »
Représentant le culte catholique, le Père Martino Signaroldi s’est interrogé sur des demandes spéciales concernant le carême. Inexistantes a priori, mais selon Nourdine Nana, « il s’agit d’être vigilant pour tous, de manière à n’être excluant pour personne. »
L’occasion pour Cheick Mansour d’abonder : « Au-delà de l’instance consultative, le conseil de la laïcité est là pour dénouer les crispations et éviter toute forme de discrimination chez l’enfant. »
Un animateur de l’EAJ a ensuite témoigné : « Dans mon enfance, j’avais des amis de toutes confessions. Et ce sujet n’était jamais abordé. Aujourd’hui, c’est un peu différent. »
« On assiste effectivement depuis quelques années à un glissement du culte vers la culture », observe Djamel Misraoui. En toile de fond, « l’individualisation de l’offre alimentaire sur fond de revendication identitaire » : « Désormais, on a envie de manger sans se justifier. Il n’en demeure pas moins que le repas est aussi un moment d’éducation et de vivre ensemble ».
Au chapitre pratique sportive, les intervenants ont tenu à noter qu’à La Seyne, ni la tenue vestimentaire, ni la mixité hommes-femmes, n’avaient jusque-là posé problème : « On observe au contraire un développement des sections féminines, à l’AS Mar-Vivo comme au FCS », témoigne Daniel Martinez, adjoint délégué au sport.
Le formateur expert laïcité Djamel Misraoui précise d’ailleurs que « c’est le règlement intérieur de chaque club qui indique la tenue de sport adaptée ». « Et à partir du moment où ce club a signé la charte de la laïcité, il s’y conforme », ajoute Daniel Martinez.
A noter qu’au-delà de cette charte, depuis 2021, le Contrat d’engagement républicain est plus contraignant encore pour l’obtention de subventions publiques.
La représentante de l’Education nationale a pour sa part noté que « si les signes (de confession) discrets étaient autorisés pour les élèves, ils étaient strictement interdits pour l’encadrement. »
Pour finir, la thématique des carrés confessionnels dans les cimetières a été abordée. « Les cultes israëlite et musulman nous sollicitent à ce sujet, signale Cheikh Mansour. Ils ne sont malheureusement pas présents aujourd’hui. Je tiens toutefois à rappeler qu’une municipalité n’a aucune obligation en matière d’aménagements de ce type dans les cimetières. »
* A noter que les adjoints Cheikh Mansour et Daniel Martinez et le conseiller municipal Dominique Lexa sont membres de la commission communale de la laïcité.
Un concours de la laïcité
A l’occasion du dernier conseil municipal, les élus ont acté la création d’un concours destiné à promouvoir les valeurs de la laïcité. Objectif: récompenser les initiatives laïques traduisant un engagement exemplaire en faveur de la laïcité autour d’actions de sensibilisation et de dialogue interculturel. Le thème retenu cette année est “Laïcité et condition féminine”. Les prix seront remis lors de la Journée nationale de la laïcité, le 9 décembre 2024.