Le mot de Roger Boubenec sur l’exposition :
“Derrière les grillages de pluie, de vent, de haine
Derrière les guerres et l’esprit de conquêtes.
Il y a du vent, il y a le printemps, il y a des âmes qui s’envole, il y a des papillons .
Ça ruisselle, dans les fibres, c’est visible,
Ce sont des empreintes de végétaux comme des drapeaux
C’est de l’huile qui dégouline ,
ce sont des collages, comme des paysages d’eau et c’est beau.
Derrière les grillages de pluie, de vent, de guerre
C’est tout ça ,pas d’étalage , c’est du cœur, c’est du printemps, c’est l’expo.”
Et sur son fils :
Il est différent, c’est Vincent.
Il a les mains arc-en-ciel de papiers de couleur,
Quand il rit, il met les mains devant et c’est joli,
Il colle des bouts d’affiche qu’il déchire,
Il est différent, c’est Vincent.
Ils disent qu’il est porteur de trisomie 21,
En plus, il est acteur, c’est novateur,
Down Syndrom qu’ils annoncent, mais pas filiforme,
Dans les cours d’école, c’était “Mongol”,
Dans le bus, ce sont les regards qui jugent,
Ce n’est pas pour ses muscles,
Il s’en balance,
Il a des mains arc-en-ciel de papiers de couleur,
Quand il rit, il met les mains devant et c’est joli,
Il est différent, c’est Vincent.
Il a des yeux d’orient, comme ceux du Bhoutan,
Ses oreilles d’hippopotame, ce n’est pas une réclame,
Sa bouche paresseuse, sacré farceur,
Sa langue, qui vous emmerde, et qui déconcerte,
Un chromosome en plus sur le 21, ce n’est pas Babylone, mais il pardonne,
D’autres naissent forts, ils sont capables, ils font la guerre,
D’autre raisonnent et font des bombes et l’atome,
D’autres beaux parleurs oublient les fleurs et la douceur,
Lui, il a des trous dans le cœur, ça porte bonheur
Il a des mains arc-en-ciel de papiers de couleur,
Quand il rit, il met les mains devant et c’est joli,
Il est différent, c’est Vincent.
Son frère, c’est son “Crall”,
Son père, son copain, c’est le destin,
Dans “travail à 4 mains”, ils ne sont pas des crétins,
Dans le soir, il la regarde, il pense à elle, son étoile.
La photo noir et blanc, c’est ça, c’est sa maman,
Dans l’ombre il l’a vu,
Sa main douce sur sa nuque “pas d’inquiétude petit ours” c’est sa frimousse,
Et dans la nuée des transparences, elle l’accompagne, c’est sa présence.
Il a des mains arc-en-ciel de papiers de couleur,
Quand il rit, il met les mains devant et c’est joli,
Il est différent, c’est Vincent.
Roger Boubenec