« Fêtons Bonaparte à La Seyne »

Madame le maire, Nathalie Bicais, accueillait ce mardi au fort Balaguier le Vice-amiral d’escadre Laurent Isnard, Préfet maritime de la Méditerranée, et l’historien archéologue Henri Ribot pour l’événement « Bonaparte à La Seyne » des 25 et 26 septembre prochains. La première d’une série de manifestations qui s’étendront sur trois années.

« Ce projet parle d’un haut fait d’armes, méconnu, qui appartient à notre histoire. Car c’est depuis La Seyne que Bonaparte chasse les Anglais de Toulon ». Nathalie Bicais le rappelle, « nous aurions pu prendre Michel Pacha, ou Fernand Pouillon. Mais avec cinq forts sur notre commune, cet épisode de 1793 est étroitement associé à notre patrimoine militaire ».

Le 17 décembre 1793, récemment promu colonel (voir par ailleurs), Bonaparte s’installe à la batterie des Hommes sans peur (à l’Evescat) pour ravir aux Anglais la redoute Mulgrave (à l’emplacement du fort Napoléon). « Ici s’est joué l’avenir de la République puisque depuis cette redoute, les forts de l’Eguillette et de Balaguier ont pu être repris, permettant de chasser la flotte anglo-espagnole de la rade (NDLR : la gestion du siège de Toulon impliquait d’en maîtriser la sortie) ».

Ce point historique posé, Nathalie Bicais a lancé un appel à la population*, pour partager samedi 25 septembre un spectacle son et lumière dans l’anse de Balaguier libérée des voitures : « L’histoire de l’assaut sera retracée, avec une narration, des conférences, une pièce de théâtre mais également une retraite aux flambeaux en costumes d’époques, un banquet républicain avec des produits locaux et des jeux pédagogiques pour les enfants. » Ces derniers auront en effet été associés en amont par leurs professeurs, et des associations créeront, avec l’aide de la costumière Anne-Marie Baron, des patrons pour réaliser soi-même bonnets phrygiens, ceintures ou cocardes. « Ces événements sont appelés à monter en puissance jusqu’en 2023, avec notamment le soutien du Conseil régional** », conclut Nathalie Bicais.

A ses côtés, l’historien et archéologue Henri Ribot, membre de l’Académie du Var qui fréquenta en son temps les bancs de l’école Martini puis du lycée Beaussier, a rappelé l’étude menée depuis 2011 (notre encadré ci-dessous) sur le fort Napoléon avec Bernard Argiolas et Jean-Claude Autran.

Le Vice-amiral d’escadre Laurent Isnard, Préfet maritime de la Méditerranée, a ensuite tenu à rappeler la « solidarité de la Marine nationale avec cet événement intergénérationnel, générateur de cohésion sociale » : « Je remercie la ville de La Seyne pour l’accueil de nos marins et de leurs familles. Nous partageons ce patrimoine sur le temps long. La construction des forts pour protéger la rade s’est adaptée aux progrès de l’artillerie. Aujourd’hui, même si la dimension militaire demeure, le port se développe en intelligence avec celui de Brégaillon. »

* Coordination du projet annick.ayfre@la-seyne.fr
** On notait la présence du conseiller régional et premier adjoint, Jean-Pierre Colin, de l’adjointe à l’environnement, Christine Sinquin, de l’adjoint à la politique culturelle, Dominique Baviera, de l’adjoint à la politique de la Ville, Cheikh Mansour, de l’adjointe à la préservation des lieux d’expression et d’histoire, Christelle Lachaud, du conseiller municipal délégué à la communication institutionnelle, Ali Gharbi, du conseiller municipal délégué à la Sécurité civile, Ludovic Pontone et de la conseillère municipale à la jeunesse, Lydie Onteniente.

Prise de Toulon : une époque, un contexte

Si dans ses mémoires, Napoléon est peu disert sur l’épisode seynois de la prise de Toulon, l’historien Henri Ribot prend pour fil conducteur l’avancée de l’armée révolutionnaire dans le midi pour éclairer cette bataille : « Le régime de la Terreur se met en place après l’exécution du roi Louis XVI, en janvier 1793. La France déclare alors la guerre à la Grande-Bretagne qui prend la tête des puissances coalisées. Dans le même temps, à la Convention (NDLR : nom de l’Assemblée nationale à l’époque), le pouvoir montagnard suscite l’opposition des Girondins, qui se rapprochent des royalistes en province. Lyon, Marseille et Toulon s’insurgent. Pour la première fois en France, la Convention lève alors contre l’ennemi intérieur et extérieur une armée de 800 000 conscrits (NDLR : les fameux « Sans-culottes », qui rejoignent les 300 000 soldats opérationnels.

Dans la Drôme, le général Carteaux recrute l’Armée des Alpes qui s’empare de Lyon. Il descend ensuite à Avignon où il rencontre le jeune Bonaparte. Tous deux sont d’extraction modeste et profitent de l’avancement au mérite dans l’armée du peuple. Arles, Aix-en Provence, Septèmes, Marseille, les voici bientôt aux portes de Toulon. Ils installent leur camp au Beausset. Jeune capitaine, Bonaparte bénéficie du soutien de Christophe Saliceti, représentant de la République en Provence : il est nommé Commandant provisoire de l’artillerie assiégeant Toulon. C’est là qu’intervient la prise de la redoute Mulgrave puis des forts de l’Eguillette et de Balaguier, ouvrant la voie à la levée du siège de Toulon. Deux jours après cette victoire, Bonaparte accédera au grade de Général de brigade. Pour le reste de sa (longue) carrière, il insistera pour faire bâtir sur la redoute le fort Caire (actuel fort Napoléon), dont la construction s’achèvera en 1821, année de sa mort à Sainte-Hélène. »

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