Henri Baviera nait à Nice en 1934. Ses origines familiales le rattachent à Saint-Paul de Vence par sa mère, à Syracuse par son père. Il survit à une grave pneumonie à l’âge de 4 ans. Son enfance est perturbée par l’abandon du père. La période de l’occupation éveille précocement son esprit critique et ses interrogations.
Aussitôt attiré par les arts plastiques, il reçoit en 1948 un 1er prix de dessin à l’école Trachel de Nice où il suit les cours trois ans durant. Cet encouragement le détermine à installer son atelier dans la maison familiale de Saint-Paul dès 1949.
Pendant plus de 25 ans, il y sculpte, peint, dessine, grave en contact avec ses amis peintres, parmi lesquels Borsi, Verdet, Dauphin, Cini, Kijno, Paul Roux, Celli, Samivel. Au cours de ces années basées à Saint-Paul, plusieurs voyages et séjours en Espagne, à Paris, en Italie, en Bretagne, en Provence, au Maroc, en Belgique, vont peu à peu mûrir son métier et stimuler ses recherches.
Saint-Paul de Vence, foyer d’inspiration, riche de son passé et de sa beauté contraste alors douloureusement avec de lourdes responsabilités familiales qu’il doit assumer.
Passionné de gravure depuis son séjour prolongé dans l’atelier Calevaert-Brun à Paris, il aménage en 1957, le 1er atelier d’estampe de la région. Son installation lui permet de pratiquer les diverses techniques de gravure et d’acquérir une plus grande maîtrise. C’est là que tour à tour, de nombreux amis peintres et graveurs se rencontreront, dont: Lurçat, Goetz, Miotte, Hartung, Atlan, Jenkins, Arman, César et bien d’autres.
Dès les années 64, Henri Baviera amorce un travail de synthèse, où la figuration cède le pas aux compositions dites “minérales”.
Il participe activement, avec les peintres Cini, Vu Cao Dam, Dauphin, à la création du Musée de Saint-Paul. Mais deux ans plus tard la disparition de sa mère le plonge dans un profond désarroi dont il s’évade par une observation attentive du règne vivant.
Attiré par une expression de plus en plus proche des aspects structuraux qu’offre la nature, jusqu’à la schématisation la plus épurée qu’il abordera dans les années 67-68, Henri Baviera travaille sur d’autres supports et d’autres matériaux : polyester, vitrail, peinture murale, bas-relief, plastique, etc.
Entre temps, au cours de ses expériences de gravure, Henri Baviera imagine en 1965, une autre méthode afin d’introduire dans l’estampe un aspect plus pictural par l’emploi du relief et de la couleur. Ce procédé nommé ” polychromie relief “, perfectionné et pratiqué depuis cette période sera au centre de son œuvre gravé.
Les évènements de 68 marquent du poids de leurs interrogations et de leurs polémiques cette période, durant laquelle les réalisations d’Henri Baviera prendront un caractère plus ouvert aux espaces publics.
Le même été, un environnement pénétrable fait de rideaux de plastique peints, sera le décor d’un show de Michel Polnareff, dans un spectacle de Michèle Arnaud pour la R T F, réalisé par Jacques Hertaud et Claude Gallot.
Bien, d’autres installations et interventions dans la même veine, seront réalisées lors de diverses expositions dans plusieurs villes du Midi et d’Italie.
Deux ans plus tard, une exposition Galerie Ratié à Paris, marquera fortement l’originalité de ses derniers travaux sur l’origine des formes et leur évolution cynétique.
Pendant l’été 72 à Saint-Paul de Vence, aura lieu une manifestation marquante.
Henri Baviera y organise “Le Jardin d’Explosition” une exposition à ciel ouvert, dans l’espace vert de son atelier, réunissant plus de 50 jeunes artistes, dont plusieurs membres de l’Ecole de Nice, qui réaliseront leurs œuvres sur place durant dix jours.
Puis un brusque évènement intervient, un abus fiscal entraine la faillite de son atelier, et ses lourdes conséquences en interrompant son travail pendant plus de 3 ans.
Son retour à la peinture sera singularisé par un revirement de sa pratique, vers une source purement onirique où, faisant table rase il ne s’inspire plus que de son inconscient, à l’inverse de tout travail d’implication intellectuelle.
Enfin en 79 c’est la découverte du Brésil. Choc déterminant et parfaitement en symbiose avec la conception de son travail d’alors, chaleureusement accueilli par les cariocas enthousiastes. Il y retourne en 87. Ce voyage le marquera jusque dans sa vie affective car il y rencontrera sa femme. Réinstallé à Nice où il grave et dans le Var où il peint, Henri Baviera recommence alors une vie nouvelle.
En 90, après une exposition chez Morin Miller à New-York, il se rend à Tokyo pour y présenter son travail. A la fois séduit et dépaysé, ce séjour au Japon stimule à nouveau sa créativité par le succès qu’il rencontre. Son évolution y est suivie avec intérêt et ses œuvres de plus en plus appréciées.
Ses médiums sont pour l’essentiel l’huile, l’acrylique, la toile, le papier, le collage, la gravure, qui par l’usage de reliefs et de matières, apportent à ses œuvres, un “épiderme” particulier et personnel.
Amorcé dans son travail onirique à la fin des années 80, celui-ci va peu à peu se délester de tout sujet représentatif, et vers 90 va transformer la toile en une sorte de brèche, passage vers un espace sans limite où l’imaginaire a libre cours.
Ce dépassement de la toile pose la question de l’inconnu auquel la vie elle-même est confrontée, à l’image de notre propre aventure humaine.
Puis en 2001, Henri et Leila son épouse, décident de quitter l’atelier de Nice pour le reconstruire dans l’espace calme de la campagne de Lorgues. (Var)
Cet intervalle entrecoupé de voyages au Japon sera un changement important dont son travail portera la marque.
Gravures et peintures vont s’imprégner d’autres stimulations s’intégrant aux acquis des travaux antérieurs, vers une synthèse intuitive du monde vivant et de l’humain.
Ces années lorguaises seront favorables à sa création jusqu’à ce jour. Tel que son travail actuel nous le montre.
Intitulée “Carnet de Bord“ une très compète rétrospective, donnera un éclairage sur son travail au Centre International d’Art Contemporain, au Château de Carros en 2015.
D’autres expositions se sont déroulées depuis dans divers lieux du Midi et de l’hexagone.
Participant dans diverses associations, Henri Baviera poursuit avec passion ses activités créatives avec la complicité active de Leila.