“Quand il fait beau comme ce matin, c’est un bonheur d’aller nourrir mes poissons. Mais quand il y a tempête, c’est pas la joie.“

Car les daurades, loups et maigres de Jérémy Vantouroux mangent 365 jours par an. En route vers la cabane jaune qu’il a entièrement construite avec ses amis et sa famille, sur sa petite embarcation, Jérémy parle d‘aquaculture avec passion. Diplômé d’un DUT aquaculture à l’université de Montpellier, il a été apprenti en alternance à La Ferme Cachalots d’Olivier Otto.
Bien-être animal
“Enfant de Cavalaire, ma tante y tenait une poissonnerie ou j’ai effectué mes premières saisons. J‘allais souvent à la pêche avec mon grand-père. Je voulais être plongeur/démineur mais la famille m’a opposé un veto. J’ai donc concilié mes passions pour la pêche et pour la plongée en devenant aquaculteur. Car il en a fallu des heures et des heures de plongée pour installer tous ces filets. Des filets que j’ai voulu aussi hauts que la profondeur de la rade pour assurer un maximum de bien-être à mes poissons.”
Du 100% français
Le jeune aquaculteur s’installe au Lazaret fin 2021 avec l’objectif de produire entre 5 et 10 tonnes par an. “Je veux exploiter de manière horizontale une petite ferme avec des poissons de qualité, élevés sans antibiotique avec de la nourriture 100% française.”
Généreux donateurs
Il faut trois ans pour qu’un poisson parvienne à l’âge adulte. Aussi Jérémy commence à peine à commercialiser sa production.
“C’est grâce à une cagnotte en ligne sur Miimosa où de généreux donateurs m’ont permis de récolter 6 000€ que j’ai pu acheter une partie de la nourriture. Je veux les remercier infiniment. Sans eux je n’aurais pas pu réaliser mon rêve. Car hélas, je n’ai reçu aucune subvention. Les dossiers de demande se sont révélés être un enfer administratif.”
“De la mer à l’assiette”
Ne se versant pas de salaire, le jeune homme survit avec 900€ de chômage. Et ça fait plus de trois ans qu’il investit toutes ses économies pour créer, à partir de rien, sa ferme aquacole. “Je suis sur une année charnière où je commence à peine à vendre mes poissons. Si une largade survient, mes filets cassent : je perds tout.“
Ses premiers poissons ont déjà séduit les chefs de tables prestigieuses dans le golf de Saint-Tropez : Le Refuge, le Café Valmer ou encore le chef de Saveurs Sincères qui est un disciple d’Escoffier. Et Jérémy se transforme alors en livreur. “Je travaille en zéro stock, je livre le jour même afin de garantir une fraîcheur optimale. De la mer à l’assiette.“
Des Loups et des Huîtres d’Or
Avec ses premières ventes, Jérémy peut enfin se projeter vers l’avenir. “Si les affaires marchent j’aimerais aussi élever des huîtres et ajouter le logo les Huîtres d’Or à côté de celui des Loups d’Or.“
Ainsi en 2025, il espère concrétiser de nouveaux projets pour se diversifier et pérenniser son entreprise.
“Je suis Seynois maintenant et je crois en l’aquaculture locale qui monte en gamme et qui devient un secteur économique de poids au cœur de la rade et dans toute la région PACA.“
Infos pratiques : Jérémy Vantouroux livre les restaurateurs et les particuliers : 06 01 06 86 02 ou vantourouxjeremy@NotAllowedScript67b09901634d7gmail.com
Le saviez-vous ?
– Les poissons mangent deux fois par jour l’été et, une fois par jour l’hiver
– Les maigres sont surnommés “les grogneurs”. Car ils grognent et c’est comme ça que les pêcheurs les repèrent en collant leur oreille sur la coque du bateau
– Les alevins (entre 6 et 7 000 de chaque espèce) arrivent en mai par camion depuis l’Occitanie
Le mot de la fin
“J’écoute les conseils bienveillants de tous les aquaculteurs de la baie, ça évite de faire des bêtises. Il y a une belle solidarité entre nous.”