Le cimetière central, livre ouvert sur l’histoire de La Seyne

À l’occasion des Journées du Patrimoine, les membres de l’association « Les Amis de La Seyne Ancienne et Moderne » Jean-Claude Autran et Marc Quiviger ont conduit une visite guidée du cimetière central. Les participants ont arpenté ses allées, découvrant que derrière le silence des pierres se cache toute la mémoire d’une communauté.

D’un cimetière paroissial à une nécropole moderne

Jusqu’en 1837, les inhumations se déroulaient à proximité de l’église paroissiale de La Seyne, rattachée d’abord à la chapelle de 1603 puis à l’église Notre-Dame-du-Bon-Voyage. Mais les considérations sanitaires vont bouleverser cette tradition. En 1776, Louis XVI interdit les enterrements dans les églises et aux abords immédiats des lieux de culte. Quelques décennies plus tard, un décret de Napoléon Ier impose l’implantation des cimetières hors des villes pour prévenir les épidémies. C’est dans ce contexte qu’est né le cimetière central de La Seyne. À l’origine limité à 4 000 m², il s’étend aujourd’hui sur près de sept hectares après cinq agrandissements successifs.

Des figures marquantes de La Seyne

De nombreuses personnalités reposent dans ce lieu chargé d’histoire. On y trouve notamment Raphaël Dubois (1849-1929), biologiste pionnier de la bioluminescence, qui dirigea le laboratoire de physiologie marine de Tamaris avec le soutien de Michel Pacha. Les visiteurs peuvent aussi découvrir les tombes d’artistes comme Henri Tisot, Olive Tamari ou Fernand Bonifay, mais également celles de figures locales telles que François-Noël Verlaque, ancien directeur des chantiers navals, ou Paul Hubidos, aviateur seynois décoré pour ses actes héroïques durant la Seconde Guerre mondiale. La famille Beaussier, dont les membres se sont distingués depuis l’époque des croisades dans la marine, la magistrature ou l’Église, témoigne également de cette riche mémoire.

Stèles commémoratives et monuments symboliques

Au détour des allées, plusieurs monuments rappellent les grandes épreuves traversées par la ville.

Une stèle rend hommage aux victimes civiles des bombardements de 1943-1944, qui firent près de 250 morts, dont le petit Paul Henri, âgé de seulement quatorze mois.

Un obélisque honore les actes de courage et de dévouement durant l’épidémie de choléra de 1865.

Une stèle dédiée aux morts d’Afrique du Nord a été inaugurée en 1990.

Dans l’allée centrale se dresse la colonne Carnot, érigée en mémoire du président Sadi Carnot, assassiné peu de temps après sa venue à La Seyne.

Des styles funéraires révélateurs

Comme l’a souligné Marc Quiviger durant la visite, les quelque milliers de tombes témoignent de l’évolution des styles, du romantisme au classicisme. Croix, urnes, plaques émaillées, motifs floraux… chaque ornement traduit les sensibilités artistiques et sociales d’une époque. Le cimetière devient ainsi un véritable pèlerinage de pierre, à la fois intime et collectif.

Le carré des enfants, témoignage d’une époque révolue

Parmi les espaces les plus émouvants figure le carré des enfants. De toutes petites tombes, alignées côte à côte, rappellent une période où la mortalité infantile était très élevée. Un lieu qui bouleverse par sa sobriété et qui dit, mieux que des archives, la fragilité des existences passées.

* Ici, la tombe du jeune Antoine Scaglia rappelle le destin tragique de cet athlète seynois, mortellement atteint par un javelot en 1958 sur le terrain même où il s’entraînait. En sa mémoire, le stade municipal porte désormais son nom. 
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