La Maison Verte a ouvert ses portes le 6 janvier 1979 à Paris dans le 15ème arrondissement. Déjà à l’époque, il s’agissait d’offrir un lieu ouvert sur la cité aux jeunes enfants âgés de quelques jours à 4 ans. Leurs parents pouvaient venir quand ils le souhaitaient, sans rendez-vous. Sur place des accueillants se rendaient disponibles et attentifs aux multiples questions que posaient les tout-petits, qu’elles se révèlent au travers de leurs mots, de leurs actes ou de leur langage corporel. Ce lieu de vie et de rencontre était l’idée de quelques professionnels de la petite enfance, dont Françoise Dolto en chef de rang, qui était une éminente pédiatre et psychanalyste. L’expérience a connu un tel succès que des structures semblables se sont ouvertes ailleurs dans l’hexagone ainsi que dans le reste du monde comme en Russie, en Israël, en Amérique Latine, au Canada… Depuis plus de vingt ans, le Moulin à Paroles, situé au Square Gueirard à la Seyne reçoit sur le même principe, un peu moins d’une dizaine d’enfants accompagnés de leur parent, par jour.
Un lieu d’écoute et d’anonymat
Géraldine Patrikainen est psychologue clinicienne, psychanalyste et présidente du Moulin à Paroles à la Seyne-sur-mer, une des fameuses maisons vertes. Elle explique : “Nous ne sommes pas un centre de soin, nous n’avons pas de rôle moralisateur ni même éducatif. Nous façonnons simplement un lieu de vie, de rencontres et nous créons un dialogue. Il y a entre ces murs, une véritable écoute et une certaine compréhension. Le but de la maison verte est en quelque sorte de créer un endroit qui favorise les échanges sociaux et qui invite l’enfant à faire des expériences. Ici, les personnes qui viennent sont anonymes. Seul le prénom du jeune être est indiqué sur le tableau quand il pénètre dans les lieux, c’est une manière de montrer que l’instant lui est dédié. Les parents sont invités à se détendre, à s’exprimer s’ils le souhaitent. Ici, les milieux se mélangent et des familles viennent de Saint-Cyr, de La Valette-du-Var mais aussi de Six-Fours et d’Ollioules. Il n’y a aucune contrainte. Notre porte est ouverte à tous.”
La sécurité pour tous, prévenir des troubles relationnels précoces.
Afin de pouvoir pénétrer dans les lieux, l’enfant devra être accompagné d’un parent référant et responsable. L’expérience menée avant l’entrée en maternelle, par exemple, lui permettra de commencer à rencontrer ses pairs sans perdre le lien à ceux qui assurent sa sécurité affective. Ainsi, les futures séparations ne seront pas vécues comme un traumatisme. Aussi, afin de comprendre le raisonnement de l’enfant, et parfois même du parent, une seule règle est à respecter dans les lieux, une ligne rouge fait office de démarcation au sol. L’enfant ne devra pas dépasser cette dernière qui mène à un petit espace réservé aux adultes. “C’est pour marquer une limite, explique Géraldine, introduire un interdit. Parfois, c’est le parent qui dévoile plus de choses dans sa gestuelle que l’enfant. Certains ont besoin, par exemple, en prenant le nouveau-né aux bras, de le faire traverser. Sans aucun jugement, on questionne alors. Certaines choses se révèlent. C’est toujours très intéressant.” Si des comportements soulèvent des questionnements, d’autres peuvent annoncer des troubles relationnels ou fonctionnels chez l’enfant. Ce sera alors l’occasion de dénouer certains nœuds ou conflits entre le parent et le tout jeune être. “On peut parfois aider à franchir un cap ou avoir un rôle préventif, si le problème perdure, on peut conseiller un professionnel, mais notre rôle en ces lieux, est d’écouter et de répondre à certaines questions.”