Les sirènes des chantiers ont de nouveau retenti

36 ans après la fermeture des chantiers navals, à l’initiative du président des Amis du Laborieux, Marc Lefèbvre, et en collaboration avec les services de la Ville, les deux sirènes rythmant la vie de la cité ouvrière ont de nouveau retenti à Camp-Laurent. Une émotion partagée par d’autres anciens, aux côtés de Nathalie Bicais, maire de La Seyne, et de Marie-Claude Paganelli-Argiolas, adjointe déléguée aux archives.

Marc Lefèbvre, président des Amis du Laborieux

Plusieurs centaines de kilos de laiton. Les deux sirènes fabriquées au Havre (Seine-Maritime) ont quitté quelques heures la collection des archives municipales pour un test grandeur nature sur le parvis de l’entreprise Loxam, avenue Robert-Brun. « Il nous fallait un compresseur assez puissant pour les déclencher », témoigne Marc Lefèbvre. Depuis trois nuits, le président des Amis du Laborieux a quelque peine à trouver le sommeil : « Les coups de fil d’anciens collègues se sont enchaînés. Ces sonneries évoquent beaucoup de choses pour nous, les anciens », confie-t-il avec émotion. « Je suis arrivé aux chantiers avec le sifflet (NDLR : sirène) et je suis parti avec. C’était le clocher de la ville ! » s’exclame pour sa part Jean-Claude Guisti, président du CRCN (Centre de ressource pour la construction navale).

Posées sur une palette, les sirènes résonnent alors devant l’assistance, à plus de 74 décibels. Une résurrection, 36 ans après la fermeture des chantiers, lourde de sens pour tous : « En 1989, il n’y avait plus que 200 ouvriers lorsque les sirènes ont résonné pour la dernière fois. Or dans les années 70, nous avons été jusqu’à 10 000 avec les sous-traitants à construire des navires », explique Guy Bertolucci, traceur et agent de maîtrise de 1961 à 1989.

Fermeture de la Normed

Marie-Claude Paganelli-Argiolas, adjointe aux archives, et Guy Bertolucci, ancien des chantiers

Le 28 février 1989, à midi, les sirènes des chantiers retentissaient pour la dernière fois. La Normed, société regroupant les chantiers de La Seyne, La Ciotat et Dunkerque, venait de déposer le bilan. « Quelques années avant, le deuxième livre blanc avait acté la séparation des activités terrestres (Cnim), qui ont perduré, des activités navales (Normed), explique Jean-Claude Guisti.

En France, seule Saint-Nazaire a conservé ses chantiers, le reste de la production ayant été délocalisé en Corée du Sud et au Japon.

La Seyne au rythme des sirènes

Sortie des ouvriers des chantiers. Circa 1905. ©Marius Bar

Autrefois installées à proximité de la Porte des chantiers, sur un pylône cours Toussaint-Merle, les sirènes rythmaient la vie seynoise en retentissant une dizaine de fois dans la journée : 6h45, 6h55, 7h00 (entrée et début du travail), 8h20, 8h30 (casse-croûte), 12h (sortie), 13h15, 13h25, 13h30 (entrée et début du travail), 17h30 (sortie). Marie-Claude Paganelli-Argiolas, adjointe aux archives, se souvient que petite, les sonneries servaient de repères au reste de la population, notamment pour sa mère qui préparait les enfants avant l’école. Marc Lefèbvre, pour sa part, rappelle que tout retard (après la deuxième sonnerie) à l’entrée des chantiers se soldait par une retenue sur salaire…

Aujourd’hui, la Ville réfléchit à la remise en service de ces sirènes qui pourraient être déclenchées lors de grands événements.

Retrouvez la vidéo de l’essai des sirènes

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