Le maire Joseph Minniti a adressé à Christian Bocage ses félicitations, saluant « un métier qui tend à disparaître mais qu’il est essentiel de préserver ». Il a rappelé combien « la transmission des savoir-faire contribue à maintenir vivants les commerces de proximité et l’âme même des quartiers seynois ».
Roland Rolfo, président départemental de la Chambre de métiers et de l’artisanat, a insisté sur l’importance d’anticiper la relève : « Aujourd’hui, près de 30 % des chefs d’entreprise du territoire ont plus de 55 ans. Beaucoup vont partir à la retraite dans les prochaines années, alors que la nouvelle génération se tourne davantage vers l’auto-entrepreneuriat, qui n’emploie pas. Le vrai défi à venir, c’est la transmission des savoirs et des compétences. » Il a également rappelé que la Chambre reste un partenaire de proximité pour les artisans : « Que ce soit pour la gestion, les chiffres, ou même les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, nous sommes là pour les accompagner. »
Un métier ancré dans les gènes
Derrière le comptoir immaculé de sa boucherie, le regard pétillant et le geste sûr, Christian Bocage incarne l’artisan dans ce qu’il a de plus vrai : passionné, exigeant, profondément attaché à son métier. Fils de boucher, il a grandi entre les effluves des étals. À seulement 14 ans, il sollicite une dérogation pour commencer son apprentissage : une vocation précoce, née dans cette même rue où se trouve encore aujourd’hui son commerce. « Mon père était boucher, ma mère travaillait à la vente et mon oncle dans les abattoirs. Je crois que je n’avais pas d’autre destin », sourit-il.
Du premier apprentissage à la maîtrise du geste
Après un an de formation, il rejoint La Grande Boucherie du centre-ville, où il passera 25 ans, gravissant tous les échelons jusqu’à devenir responsable du magasin. Plus tard, il intègre Carrefour, où il perfectionne ses techniques et découvre les spécificités régionales du métier. « Selon les régions, on privilégie certaines races, et même la découpe diffère. C’est un métier vivant, qui se transmet avec de la pratique », raconte-t-il. Cette expérience lui apprend aussi la gestion d’une affaire, un savoir précieux pour la suite.
Un retour aux sources
Fort de cette expérience, Christian revient à La Seyne, décidé à créer sa propre aventure. Il pousse un jour la porte d’une boucherie qu’il connaît bien : celle où sa mère travaillait autrefois. « J’ai dit au patron que c’était ici que je voulais reprendre. Un an plus tard, il me confiait les clefs », se souvient-il avec émotion. Depuis, l’adresse est restée une référence du quartier, reconnue pour la qualité de ses produits et la fidélité de sa clientèle.
Une reconnaissance méritée
Pour obtenir le titre de Maître Artisan d’Art, il faut justifier d’un diplôme de la filière, de plus de dix ans de pratique, d’une réputation solide et d’un investissement dans la formation des jeunes. Autant de critères que Christian remplit avec brio. À ses côtés, Hugo Frachon, 22 ans,se prépare à prendre la relève, avec la même passion et le même respect du geste. La boucle est bouclée : à La Seyne, la tradition continue.
* À ses côtés, Bertrand Pin, adjoint à l’administration générale, et Ludovic Pontone, conseiller départemental.








