Logement social : madame le maire écrit au Président de la République

Ce 7 décembre, madame le maire Nathalie Bicais et Christian Dupla, conseiller municipal délégué à l’urbanisme, ont dénoncé « la pression morale et financière » de l’Etat dans le procès en carence de logements sociaux. Ils plaident pour une mixité fonctionnelle de l’urbanisme, « plus globale et plus efficace » que la mixité sociale pour enrayer la ghettoïsation des quartiers.

« Je vais écrire au Président de la République pour lui demander de revoir la position de l’Etat ». Madame le maire l’a rappelé. Impossible pour la Ville, qui comptabilise déjà 19% de logement social, d’atteindre les 25% exigés par la loi SRU. « L’Etat nous réclame, pour cette seule année, une amende majorée de 800 000 euros*. C’est la double-peine. Il faudrait construire, a minima d’ici 2022, 8500 logements pour en avoir 1000 sociaux », dénonce Nathalie Bicais.

Une fuite en avant selon Christian Dupla, conseiller municipal à l’urbanisme, par ailleurs architecte : « Il faut sortir de la gestion comptable de la mixité sociale. A La Seyne, la première carence est d’ordre fonctionnelle. On manque d’espaces publics, d’infrastructures routières, de stationnements, de végétalisation. Un héritage lié aux deux précédents mandats et à la politique de la dent creuse (voir ci-dessous) », affirme-t-il. Dans ces conditions, le futur Plan local d’urbanisme devra concilier les développements économique, écologique et sociétal : « Ces trois piliers sont la condition pour retrouver de l’attractivité et permettre aux Seynois de reprendre en main leur destin », insiste Christian Dupla avant d’ajouter : « L’attachement à leur territoire est aussi un motif de démocratie, à l’heure où l’abstention et les incivilités gagnent du terrain ».

Loin du traitement hors-sol de l’Etat, les collectivités sont donc au plus près des préoccupations de leurs administrés. A noter qu’à la rentrée de janvier, madame le maire présentera les 12 projets seynois en lien avec la valorisation de notre littoral. Une promesse de développement pour la Métropole, aussi.

* De 2017 à 2020, la Ville aurait dû produire 435 logements sociaux. Seuls 53 ont été livrés, entraînant une majoration de l’amende de l’Etat de 440 000 à 800 000 euros.

Urbanisation : stopper la politique « de la dent creuse »

Rendre la ville viable passe aussi par l’arrêt des constructions dans les « dents creuses ». « Rajouter de la densité à la densité rend certaines zones invivables. On accélère le stationnement anarchique, le ruissellement de l’eau, la pollution de l’air et la perte des repères de nos concitoyens (voir par ailleurs) », signale le conseiller municipal à l’urbanisme.

Aujourd’hui, la marge de manoeuvre pour la Ville est étroite : « A Bois Sacré comme à Coste Chaude, on s’aperçoit qu’un promoteur a plus de moyens que la Ville pour acheter des terrains ». Et quand l’Etat se transforme en marchand de biens, ce n’est pas forcément pour montrer l’exemple. Les terrains des douanes corniche Giovannini ont été vendus à un promoteur pour bâtir 8 luxueux lofts. « 8, pas 10. Car au-delà, les 30% de logement social s’appliquaient… », relève madame le maire

Logement social : les pistes à l’étude

Parmi les rares leviers dont dispose la Ville, celui de la rénovation des copropriétés privées dégradées : « Le foncier littoral, rare et cher, comme notre économie fragile, nous poussent à trouver des solutions alternatives », explique madame le maire. Réhabiliter en logement social ces logements privés souvent abandonnés des syndics est une piste prometteuse : « La Métropole procède actuellement à un état des lieux. Je rappelle que les normes de rénovation, à l’instar de celles des ORI (Opérations de Restauration Immobilière**) sont supérieures à celles du privé. Les habitants bénéficieraient ainsi d’un accès au logement social dans de meilleures conditions ».

** L’opération de restauration immobilière (ORI) est mise en place par la collectivité à travers une déclaration d’utilité publique (DUP), pour contraindre les propriétaires à réhabiliter leurs immeubles dégradés, sous peine d’expropriation.

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