Les Seynoises et les Seynois ont été généreux. La salle Jules-Verne de l’espace social Paul-Raybaud déborde de cartons, empillés les uns sur les autres le long des murs. On a du mal à se frayer un chemin au milieu de cette véritable fourmilière de bonnes volontés. « Je remercie du fond du cœur les nombreux seynois, leur générosité est exceptionnelle, explique Véronique Leportois, conseillère municipale à la politique sociale. Les écoles, les collèges et les lycées, les associations se sont mobilisés. Je remercie aussi toutes celles et ceux qui sont venus ici à la salle Jules-Verne spontanément pour nous aider à trier et préparer le convoi. Je pense à Amandine, Jean-Luc, Claude, Joel, Annick, Christine…»
Mobilisation exceptionnelle
Pour acheminer ces nombreux cartons, trois associations seynoises ont travaillé de concert pour organiser le neuvième convoi qui partira de La Seyne le 1er avril. Les trois présidents ont mis un camion et deux chauffeurs de la société d’intérim Proman à la disposition de la Ville. Ce camion sera accompagné de 8 véhicules remplis eux aussi à ras-bord. Pour Marie-Claude Paganelli-Argiolas, adjointe déléguée aux relations aux villes amies, « cette mobilisation est admirable. Je remercie les associations dont Yvon Legras, président de la SNPM, les agents du CCAS(*) ainsi que ceux de la Sécurité civile communale et, les bénévoles la Réserve communale de sécurité civile ».
Sur place, les besoins sont immenses mais bien spécifiques. « L’urgence c’est l’hygiène, l’alimentation, des lampes, des bougies, des piles, des torches », assure Véronique Leportois.
Fraternité et humanisme
La maison Françoise-Giroud, sous l’égide de Nathalie Rocailleux, s’est également associée à cet élan de solidarité en envoyant du matériel et de la nourriture pour bébé. Neuf groupes électrogènes ont par ailleurs été acquis grâce aux dons et à la mobilisation de Castorama La Seyne. Ils partiront aussi avec le convoi du 1er avril.
En visite sur place le 27 mars dernier, Nathalie Bicais, maire de La Seyne-sur-Mer, ne cachait pas son émotion devant autant de « fraternité et d’humanisme, assurait-elle. Quand je vois tout ce qui va partir grâce à vous et que ça va aller au bon endroit pour aider ceux qui en ont un besoin vital, je suis très fière. L’élan de solidarité prend corps avec vous. Je voulais vous témoigner toute notre reconnaissance. On ne pouvait rester les bras croisés face à ce que vivent des populations bombardées qui ne mangent plus, ne boivent plus. On est tous ensemble pour l’Ukraine ».
Des familles déchirées
Le convoi partira donc ce vendredi direction Zàhony. Cette commune hongroise est à la frontière avec l’Ukraine. L’organisation de ce convoi a été possible grâce à l’implication de deux Ukrainiennes installées à La Seyne depuis longtemps, Nataliia et Marina. Les deux jeunes femmes sont sur le pont depuis plus d’un mois. « Je suis née à Mourmansk, ma mère habite en Biélorussie et ma sœur réside à Kiev, raconte Nataliia Borrelli. La propagande russe fonctionne tellement bien que ma mère ne croit pas sa propre fille qui lui raconte être sous les bombes russes au téléphone. Ma famille est déchirée. Ma fille de 27 ans était encore là-bas. Elle est partie de Kiev seule après avoir laissé sur place son chéri, son chat et sa grand-mère de 90 ans, qui habite à 90 km de la capitale ukrainienne. Elle est allée jusqu’en Roumanie à Siret mais comme la Roumanie ne fait pas partie de l’espace Schengen, elle a du repartir vers la Hongrie. Depuis dimanche, elle est enfin auprès de moi ».
37 réfugiés avec le trajet retour
Marina quant à elle ne dort plus. « Mes sept frères et sœurs sont là-bas. Je me démène pour assurer les traductions des réfugiés, les aider pour leurs papiers, pour aller chercher des dons auprès des commerçants. De toutes façons, je ne ne trouve plus le sommeil… Alors autant utiliser tout ce temps à aider mes compatriotes ».
Le convoi ne reviendra pas à vide. 37 réfugiés seront accueillis à La Seyne au retour du convoi. La Seyne-sur-Mer montre là encore sa solidarité et son soutien sans faille au peuple ukrainien.
(*) SNPM : Société nautique de la Petite Mer : https://societenautique-petitemer.fr/
(**) CCAS : Centre communal d’action sociale