« Je milite pour qu’on reconnaisse à la Nouba son statut de musique classique », explique Fouad Didi. Et pour cause, lorsque Ziryab (NDLR : Le Merle, pour le son de sa voix) de Baghdad importa le genre au VIIIe siècle à Cordoue, l’Europe carolingienne survivait péniblement aux invasions vikings. « Sa transmission, orale, l’en a longtemps empêché. On a d’ailleurs perdu certaines des 24 noubas, correspondant aux 24 heures de la journée, comme 24 pièces d’un opéra », regrette-t-il. La chute de Grenade, en 1492, chasse les musiciens arabes et juifs au sud de la Méditerranée. La musique arabo-andalouse et ses instruments intègrent alors le patrimoine musical maghrébin : « Le oud est l’instrument principal. C’est l’ancêtre de la guitare. Il est secondé par la derbouka et le tar (percussions), la cythare et les rebecs (violons joués sur le genou) ». Sa passion, Fouad Didi l’hérite d’un père mélomane, chef d’une confrérie soufiste, et d’un grand-père flûtiste et percussionniste : « Dès l’âge de 12 ans, j’ai commencé à pratiquer la musique arabo-andalouse à Tlemcem (Algérie). Aujourd’hui, voilà plus de 40 ans que je l’enseigne », raconte le professeur de l’atelier de musique arabo-andalouse au Conservatoire national de région, rue Jacques Laurent.
A la veille de ses 56 ans, il rejoindra l’orchestre Nassim-el-Andalus le vendredi 10 avril à 21h au Chapiteau de la Mer, pour un grand concert en hommage à Amine Tilioua, chanteur brutalement décédé l’an dernier.