Le harcèlement scolaire n’est pas nouveau et les victimes se comptent en millions. Les chiffres sont vertigineux : près d’un enfant sur 10 est harcelé chaque année à l’école. Si l’on compte environ 12 millions d’enfants scolarisés, cela fait 1 million de victimes. En CM1-CM2, 2,6 % d’élèves subissent une forte multivictimation qui peut être apparentée à du harcèlement (enquête Depp 2021) ; au collège, 5,6 % d’élèves en sont victimes (enquête Depp 2017) ; au lycée, 1,3 % d’élèves en sont victimes (enquête Depp 2018).
Le programme pHARe
Face à ce fléau décuplé depuis plusieurs années par les réseaux sociaux qui permettent aux harceleurs de maintenir une pression quasi permanente sur leurs victimes, l’Education nationale a mis en place le programme pHARe à la rentrée 2022. “Dans chaque établissement, des ambassadeurs du programme veillent et alertent la vie scolaire quand ils sont témoins d’un harcèlement, explique Julie Pouchko, principale adjointe du collège. Parmi eux, d’anciens harceleurs repentis qui sont d’autant plus efficaces dans la mission essentielle qu’on leur a confiée.” Pour alerter les victimes de leur présence au sein du collège, quoi de mieux qu’une fresque qui occupe tout un mur de la cour ! Les ambassadeurs de pHARe ont donc repris le chemin des écoliers pendant les vacances d’automne pour réaliser cette fresque en compagnie de deux artistes graffeuses seynoises : Cassandre et Lola.
Développer l’empathie
Jeudi 10 novembre dernier, lors de la Journée nationale contre le harcèlement scolaire, la fresque a été inaugurée officiellement en présence des représentants de parents d’élèves et de Marie-Claude Paganelli-Argiolas, adjointe à la lutte contre les discriminations. Avant de couper le ruban inaugural, Nicolas Pouzeau, le principal déclarait “Si vous n’êtes pas bien, vous ne pouvez pas bien apprendre. Merci à vous les ambassadeurs, car vous êtes des lanceurs d’alerte. Vous nous permettez d’intervenir avant que les choses ne dérapent, avant que l’ado ne soit complètement isolé”.
Pour le principal, il s’agit avant tout de “développer l’empathie chez les élèves, de considérer le harceleur comme une victime qui reproduit un schéma et de ne surtout pas culpabiliser les parents”.
“On a changé de posture par rapport au harcèlement, précise Céline Ciot, CPE, et Paul-Eluard est un collège pilote en la matière. La parole doit être libérée, c’est l’objectif de la fresque.”