Légion d’honneur pour le résistant Marcel Esteban

Marcel Esteban, résistant de la seconde guerre mondiale a reçu la légion d’honneur en mairie. L’ancien membre des Francs-Tireurs et partisans a 97 ans et vit à La Seyne. Il n’aime pas trop parler de la guerre mais à l’occasion de cette remise de médaille, il a bien voulu partager quelques souvenirs.

Quand les Allemands envahissent la zone libre, en novembre 1942, Marcel Esteban a 17 ans. Il veut se battre en intégrant la Marine nationale. Mais le 27 novembre, le flotte de Toulon se saborde. En janvier 1943, deux amis anciens marins l’invitent à une réunion secrète qui marque son entrée en Résistance. Il continue la natation et fait la connaissance d’un grand champion qui s’avère être aussi un membre de la Milice, Jacques Cartonnet. Cette “amitié” lui permet d’obtenir un laisser-passer fort utile pour ses activités au sein des FTP (Les Francs-tireurs et partisans). En avril 1944, son groupe sabote des voies ferrées et des pylônes. En mai 1944, ils font sauter un tramway près de Toulouse. Comme les Allemands commencent à être au courant de leurs actions, ils décident de prendre le maquis. Le 15 juin 1944, ils tombent sur un barrage allemand. Son chef, le lieutenant-colonel Chiron lui donne l’ordre de foncer. Marcel Esteban ouvre le feu à la mitrailleuse, tue un ennemi et en blesse un autre. Cela lui vaudra une citation avec attribution de la Croix de guerre 1939-1945. 

Son groupe participe à la libération d’Auch et d’Oloron Sainte-Marie, et, le 24 août 1944, il hisse le drapeau français au col du Samport, à la frontière espagnole. La poursuite de l’ennemi les conduit à prendre part à la bataille d’Autun, début septembre 1944. Suite à cette bataille, ils rejoignent la Première armée française, au sein du fameux “Corps Franc Pommies”, qui deviendra le 49e Régiment d’infanterie. 

Ils se dirigent vers les Vosges, l’Alsace puis traversent le Rhin avant d’entrer en Allemagne. Pendant toute cette épopée, le “Corps franc Pommies” se bat valeureusement, durant tout un hiver très rigoureux. Le 20 avril 1945, ils entrent dans Stuttgard. Marcel Esteban s’illustre encore, ce qui lui vaudra une seconde citation sur sa Croix de guerre. Quand la guerre se termine enfin, le “Corps Franc Pommies” prend garnison à Berlin.

Marcel Esteban est démobilisé en avril 1946. Il avait à peine 21 ans…

Il se remet au sport, la natation et le judo, et participe aux Jeux Olympiques de Londres en 1948. Il devient photographe puis reporter à Tours pour le journal La Nouvelle République. En 1958, il rencontre Ginette (en photo ci-contre) qui deviendra son épouse. Le couple a la joie d’avoir une fille qui travaille aujourd’hui à l’Institut médicalisé de Mar-Vivo.

Marcel Esteban est déjà récipiendaire de la médaille militaire, de la Croix de guerre 1939-1945 avec deux citations, de la Croix du combattant, de la médaille commémorative française avec les agrafes “libération” et “engagé volontaire et Allemagne” et, enfin, la médaille de la Jeunesse et des Sports.

Pour toutes ces actions qui forcent le respect, le capitaine de vaisseau Alain Marais, président de la section du Var de la Société des Membres de le légion d’Honneur lui déclarait, avant de lui agrafer sa médaille : “Pour tout ce que vous avez accompli au service de notre pays, je suis fier de vous remettre aujourd’hui l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur, notre premier ordre national”.

Après avoir reçu sa médaille des mains du capitaine de vaisseau en présence de madame le maire, Marcel Esteban a bien voulu répondre à nos questions :

  • Que ressentez-vous quand vous repensez à la guerre ?

“Je n’aime pas trop en parler car je fais encore des mauvais rêves, avec toutes ces images… Je préfère parler de ma carrière de journaliste et de sportif.

  • C’est une grande fierté pour vous que de recevoir ces médailles ?

“Oui un peu, car la Résistance a été dure. J’ai commencé à Toulouse où il y avait des attentats contre les Allemands. Pour se déplacer, les Allemands utilisaient le tramway, et nous on cherchait à le faire sauter. Du coup, ils mettaient deux tramways, un premier avec des civils qui faisaient office de boucliers humains, et un deuxième avec leur troupe. Impossible pour nous de l’attaquer. Mais un soir, ils se sont trompés, ils ont mis le tramway des Allemands en premier. On l’a su et du coup, on a réussi l’opération, on a fait sauté le premier tramway et les civils ont été relâchés. Je me souviens aussi le 15 juin 1944, alors que le débarquement des alliés était en cours en Normandie, j’ai du forcer un barrage allemand et je les ai mitraillés. Après, les Allemands étaient furieux et nous ont encerclés. On était une quinzaine, ils étaient des milliers. J’ai eu beaucoup de chance de m’en sortir alors que la guerre était presque finie.”

  • Vous habitez La Seyne maintenant, que pensez-vous de la ville ?

“La Seyne est très sympa. J’aime bien cette ville. C’est la ville que ma fille a choisie. Elle s’occupe tellement bien de sa maman et moi, j’aimerais que tout le monde ait des enfants comme ma fille (en photo ci-contre). C’est elle la vraie héroïne, elle s’occupe de personnes handicapées et je suis très fier d’elle”.

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