Souvenir français : de nouvelles plaques en mémoire des victimes des bombardements

La cérémonie du Souvenir français, en mémoire de celles et ceux qui sont morts pour la France, a eu lieu le 1er novembre dernier au cimetière central devant la stèle du Souvenir français, sous la conduite de Gérard Beccaria, adjoint délégué aux Anciens combattants. Un hommage aux Morts pour la France a eu lieu avant une visite de recueillement aux carrés militaires.

L’occasion pour Jean-Claude Autran, historien, de faire part de ses recherches qui ont conduit la Ville à remplacer les plaques commémoratives au pied de la stèle en souvenir des victimes civiles des bombardements. En effet, auparavant, seuls les noms de 66 victimes seynoises figuraient sur la stèle. Désormais, les 264 victimes seynoises sont inscrites sur quatre nouvelles plaques de marbre.

Voici son discours :

“En décembre 2022, nous étions rassemblés devant notre Monument aux Morts pour inaugurer les nouvelles plaques portant les noms des militaires seynois Morts pour la France au cours des guerres du XXe siècle.

Ces plaques avaient dû être renouvelées, car elles étaient devenues peu lisibles, comportaient diverses erreurs et surtout, hélas, beaucoup de noms y étaient oubliés. Aujourd’hui, c’est le nombre terrifiant de 597 noms qui sont gravés sur ces nouvelles plaques, dont 431 pour la Première guerre mondiale et 93 pour la Seconde.

Dans le même esprit, nous inaugurons aujourd’hui ici de nouvelles plaques portant les noms des victimes civiles seynoises des bombardements alliés de 1943-1944.

Ce renouvellement nous était apparu indispensable du fait que cette stèle ne comportait précédemment que 66 noms – les noms des seules victimes qui ne possédaient pas de caveau familial et qui avaient été inhumées dans une fosse commune – alors que le nombre réel de victimes des bombardements s’élevait à 264.

Il était juste et c’était la moindre des choses, qu’aucune de ces victimes innocentes ne soit oubliée.

Madame le Maire et sa municipalité, pleinement conscients de l’importance d’honorer la mémoire de toutes les victimes sans exception, ont accepté de débloquer une somme conséquente pour que de nouvelles plaques mises à jour soient gravées et apposées en remplacement des anciennes. Le soin en a été confié à M. Durban, responsable du Protocole.

Après vérification des noms, un par un, dans les registres d’état-civil et après affichage public des listes devant l’hôtel-de-ville, nous pouvons rappeler avec précision, mais avec douleur et émotion, que :

– Le 24 novembre 1943, un premier bombardement allié vise Toulon et son arsenal. 16 Seynois et Seynoises se trouvant à Toulon ou travaillant à l’arsenal sont tués de jour-là.

– Le 11 mars 1944, un deuxième bombardement touche notre centre-ville, rue Franchipani, rue Hoche, faisant 11 morts.

– Le 29 avril, un troisième bombardement, censé atteindre les chantiers et l’état-major allemand, manque complètement son objectif : sur 700 bombes de 500 ou 1000 kilos lâchées ce jour-là par des vagues de quadrimoteurs américains, 4 seulement touchèrent les chantiers, les autres semèrent la mort et la ruine dans plusieurs quartiers de notre ville, de la rue Baptistin Paul à la place de la Lune, de la rue Isnard aux Quatre Moulins, et même au cimetière. Ce bombardement, le plus meurtrier de tous, fit 130 morts (dont 14 corps non identifiés que l’état-civil enregistre comme « débris humains »). Il fit aussi de très nombreux blessés et laissa une ville sinistrée, 65 % de nos immeubles ayant été détruits ou endommagés. Imaginons la détresse des survivants qui, après avoir perdu un ou plusieurs membres de leur famille, se retrouvèrent ce soir-là, sans toit – à une époque où l’on ne connaissait pas les cellules de soutien psychologique…

– Le 11 juillet 1944, c’est la terrible catastrophe dite de l’émissaire commun, au quartier Saint-Jean, due à une épouvantable panique dans cette galerie en construction, non éclairée, non ventilée, qui n’aurait jamais dû être utilisée comme abri anti-aérien. 101 personnes y trouvèrent une mort atroce, étouffés, écrasés, piétinés.

– Le 20 août 1944, un dernier bombardement fit 6 victimes aux quartiers Les Plaines, Les Moulières, route de Fabrégas

Au total, 264 morts, dont 131 hommes, 117 femmes et 16 enfants – les deux plus jeunes avaient à peine 22 jours et 4 jours – un nombre effroyable en regard de la taille de notre ville. Ce qui veut dire que La Seyne a déploré trois fois plus de morts civils à la suite des bombardements venant de nos « libérateurs » qu’elle n’a eu de militaires morts sur tous les fronts de la guerre en 5 ans.

Pour faire tenir la totalité des noms sur les quatre faces de cette pyramide, il a fallu naturellement en modifier la disposition, se limiter à un seul prénom, au nom de mari pour les femmes mariées et à simplifier l’affichage des âges.

Mais ces plaques ne sont pas simplement des morceaux de pierre. Elles sont des témoins silencieux de l’histoire, des rappels poignants de la tragédie et de la souffrance que la guerre peut infliger à des populations innocentes.

Aujourd’hui, nous inaugurons ces plaques en souvenir des victimes civiles des bombardements, non seulement pour honorer leur mémoire, mais aussi pour nous rappeler notre responsabilité envers la paix. Puissent-elles être un rappel constant de notre engagement envers un monde meilleur, un monde où la guerre et la violence n’ont plus leur place. Merci à tous d’être présents pour cet hommage solennel.”

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