À Combustion lente Pour Vincent Muraour
Les images surgissaient de toi dans le secret de ton atelier
Mes mots étaient rares
Je m’y employais
Les phares étaient nombreux
qui éclairent mais n’éblouissent pas
D’autres les ont rejoints depuis, innombrables
et éclairent la vie comme je ne pensais qu’on pourrait un jour l’éclairer
Ils invoquent les fantômes, les chemins à suivre, les périls à fuir
Les affrontent, parfois, sans le dire
Neil nous l’avait sermonné, il vaut mieux se consumer rapidement que s’éteindre doucement
Nous l’avons écouté (combien de fois) mais duré, malgré nous
Oviri ! Oviri ! Oviri !
Nous aurions pu chercher ailleurs ce qui se tenait autour de nous
et indolents s’échouer sur des rivages de granit étranges
Ce monde est perdu dans le temps maintenant
mais il reste en nous, comme nous étions en lui.
Tu as déversé le sable des plages et l’air de la nuit sur ton papier
Je notais des fragments sur des carnets pour les assembler
Quel était le secret ?
Où est la source ?
Tout le monde sait
mais se tait
Chacun pense
que c’est ridicule
Croit que ça n’intéresse personne
(La banalité de l’art)
En avoir conscience est d’une incroyable force.
Pasolini dit que nous avons été laminés par l’infâme machine
Comment le dédire ?
Mais la machine a réactivé en nous d’autres ressorts et d’autres programmes
A recouvert le monde d’une nouvelle pellicule
Une autre humanité mais une humanité quand même
Nous ne pouvons nier que cette course nous verra un jour essoufflés
Avons nous explosé ou nous sommes nous reconstitués ?
La sagesse, les sentiments, la chair est là, il faut savoir les remodeler.
Ça ne le gênait pas de jouer au calcio
Pourquoi aurions nous hésité à nous emparer du rock ?
Pour éclairer la création d’une autre étincelle
Solennels, absents, raisonnables, nous serions morts.
J’aimerais qu’on ne sache me définir.
Non ils ne sauront me définir.
Tous mes textes en autoportraits
Et toutes tes œuvres en autoportraits
Des centaines, des milliers,
le nombre grandit chaque jour.
Je revisite trente années
Mes irruptions irrégulières, ta création ininterrompue
Quelques kilomètres entre nous
Mes textes d’alors sont nimbés d’une gloire éteinte qui n’a trompé que moi
Ta foi en l’image n’a pas fléchi
Leur vérité reste puissante et insaisissable.
Tes tableaux crient dans le silence.