L’hommage Seynois à Missak Manouchian

Ce mercredi 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian sont entrés au Panthéon. À La Seyne, où Missak fut menuisier de la construction navale entre septembre 1924 et juin 1925, sa mémoire a été honorée devant la stèle érigée en mémoire des résistants des chantiers navals et en souvenir de celui qui fut exécuté par les Allemands, avec 21 de ses frères d’armes, le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

Marie-Claude Paganelli-Argiolas, adjointe déléguée aux archives, au tourisme, à la lecture publique et à la Caisse des écoles

« Il y a des jours qui marquent la Nation, des jours qui révèlent la grandeur de l’Homme, des jours où les noms deviennent symboles… Des jours où le quotidien laisse place à l’Histoire. Le 21 février est indubitablement l’un de ces jours. » Marie-Claude Paganelli-Argiolas, adjointe notamment déléguée aux archives*, a ainsi débuté son allocution prononcée en hommage à Missak Manouchian ce mercredi 21 février, jour de son entrée au Panthéon, son épouse Mélinée à son côté. Tous deux emmenant avec eux, dans le temple des grands hommes de la Nation, le souvenir de leurs 21 camarades résistants, fusillés avec Missak par les Allemands, le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

Les noms de Missak et Garabed Manouchian figurent sur le Registre de la menuiserie des Forges et chantiers de la Méditerranée (21S1105). Retrouvez l’image ci-après pour l’agrandir

À La Seyne, Porte des chantiers au parc de la Navale, une stèle est érigée en mémoire des résistants de la construction navale et de Missak Manouchian, qui y travailla comme menuisier avec son frère Garabed, de septembre 1924 à juin 1925.

L’hommage des représentants du Centre de ressources sur la construction navale (CRCN), de l’Association de maintien des intérêts des anciens de la Navale de La Seyne (Amians) et des Argonautes

Les anciens des chantiers navals, représentés par le Centre de ressources sur la construction navale (CRCN), l’Association de maintien des intérêts des anciens de la Navale de La Seyne (Amians) et les Argonautes, ont naturellement voulu organiser une cérémonie en souvenir du résistant communiste arménien sur ce lieu mémoriel, ce mercredi 21 février 2024.

De gauche à droite : Lucien Conac, président de l’Amians, Ludovic Pontone, adjoint de quartier Sud et conseiller départemental, Lydie Onteniente-Deroin, adjointe déléguée à la jeunesse et conseillère départementale, Élisabeth Gues, adjointe de quartier Ouest, Joseph Minniti, adjoint délégué à la vie nautique, à la politique portuaire et à la mobilité et Daniel Martinez, adjoint délégué à la politique sportive

La Ville était représentée par les adjoints Joseph Minniti, Élisabeth Gues, Daniel Martinez, Lydie Onteniente-Deroin, Ludovic Pontone (ce dernier était également présent au titre de conseiller départemental) et Marie-Claude Paganelli-Argiolas. La suite de son émouvant discours :

« Aujourd’hui, le menuisier des chantiers seynois devient le premier ouvrier à entrer au Panthéon.

Aujourd’hui, l’amoureux de la littérature française prend place aux cotés d’Émile Zola et de Victor Hugo.

Aujourd’hui, l’immigré arménien, se définissant lui-même comme Français de préférence, rejoint les Hommes et les Femmes qui ont fait l’Histoire de France.

Aujourd’hui, celui qui fut arraché à son amour va reposer pour l’éternité avec sa bien-aimée Mélinée.

Ainsi, au sommet du mont Sainte-Geneviève, les lourdes portes du Panthéon s’ouvrent pour accueillir Missak Manouchian. Un homme dont l’histoire complexe n’a d’égal que sa grandeur.

Né dans la guerre et mort par la guerre, il consacra sa vie à la défense des valeurs humaines universelles. Lui, qui jeune enfant assista au génocide arménien, n’en connaissait que trop bien la valeur.

Orphelin de guerre, il trouva en France une patrie d’adoption, une terre de liberté, d’égalité et de fraternité. Il découvrit un pays en paix, trésor inestimable pour celui qui avait été bercé au bruit des armes et des canons.

Au sein du mouvement Amsterdam-Pleyel il se lia à Henri Barbusse et Romain Rolland et aiguisa sa plume pour faire barrage à la guerre qui le rattrapait inexorablement.

Lorsqu’elle frappa aux portes de la France il prit les armes pour défendre le pacifisme. Devenu Georges au sein des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée, il revêtit l’habit de combattant par devoir. La plume dans sa main laissa place à la Grenade qu’il jeta pour la première fois sur un détachement allemand à Levallois Perret. Ses actions éclatantes firent de lui un symbole de la Résistance à travers le Groupe Manouchian, inspirant plus tard Eluard et Aragon. Pour les Allemands il était un membre de l’armée du crime, figure de l’Affiche rouge collée sur les murs de la France occupée. Missak Manouchian était avant tout un homme de bien, obligé à l’acte de guerre pour défendre la patrie qu’il avait fait sienne.

Il y a 80 ans, il consentit pour elle à l’ultime sacrifice. Dans la froideur hivernale qui s’était emparée du fort du Mont-Valérien, il fut fusillé aux cotés de ses camarades. Quelques heures avant sa mort, Missak Manouchian adressa en guise d’ultime héritage une dernière lettre à sa femme. Il y formula le vœu pieux de paix et de fraternité entre les peuples. Il y écrivit aussi toute son assurance envers le peuple français pour honorer sa mémoire.

En entrant au Panthéon, au cœur de la plus grande période de paix pour l’Europe et pour notre pays, le peuple français lui répond.

Aujourd’hui, nous honorons le parangon de vertu qui n’hésita pas à noircir ses mains pour la France, l’homme fit de notre pays son havre de paix, l’idéaliste qui dédia sa vie à la défense d’un monde meilleur et de cette paix qu’il chérissait tant.

Il passe ce soir les portes du Panthéon, emportant avec lui le souvenir de ses camarades, “l’Espagnol rouge”, “le juif polonais” ou encore “l’Italien communiste”. Il rejoint son ultime demeure avec l’amour de sa vie Mélinée, source intarissable de son inspiration poétique.

Mais surtout, il prend place au Panthéon pour ce qu’il a toujours été : un gardien de la France qui veillera éternellement sur notre Nation. »

Nous vous invitons à consulter la page consacrée à “Missak et Mélinée Manouchian, deux Arméniens au service de la France” sur le site des Archives municipales
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