Mémoire : Don de deux tableaux de Roger de Jouëtte par son fils, Robert

Fin juin, Robert de Jouëtte, 99 ans, fils de l’artiste Roger de Jouëtte et petit-fils du premier aquaculteur seynois de Brégaillon et de Tamaris, a fait don de deux tableaux à la Ville : “la Partègue” et “l’Éguillette”.

Malgré ses 99 printemps, Robert de Jouëtte a la pêche, et devient très loquace quand il s’agit de raconter les histoires de famille. L’histoire de la famille de Jouëtte a, en quelque sorte façonné l’histoire contemporaine de La Seyne, et mis en place une des activités économiques les plus florissantes de la commune : l’aquaculture. Le 30 juin dernier, accompagné de son amie et ex-auxiliaire de vie, Patricia Biasetti, Robert de Jouëtte a offert deux œuvres de son père, l’artiste peintre Roger de Jouëtte. C’est grâce à Patricia que ce don a pu être finalisé.

 

La Partègue

« La Partègue » et « l’Éguillette » (voir en photos ci-contre) sont désormais propriétés de la Ville qui pourra les exposer sur ses cimaises à sa guise. Une première expo de ces deux peintures au style post-impressionniste et représentant des vues de La Seyne « pourrait avoir lieu à la fin de l’année », assure Julien Gomez-Estienne, le responsable du musée Balaguier.

L’Éguillette

René, premier aquaculteur de la ville

Pour la première magistrate qui a reçu les tableaux en personne, « c’est un immense honneur de recevoir deux œuvres d’un artiste emblématique de La Seyne. Je remercie infiniment Robert de Jouëtte pour ce don. Merci également à Patricia Biasetti et à Philippe da Prato pour avoir fait le lien et permis ce don ».

Car nous parlons du premier aquaculteur de la ville, René de Jouëtte. Le premier à avoir élevé des huîtres à La Seyne. René avait mis au point cette technique d’élevage très innovante du côté d’Ajaccio. En 1899, il fut même décoré de la médaille d’argent de l’Exposition universelle pour sa technique d’aquaculture. Les membres du jury de l’exposition expliqueront que « toutes ses inventions et d’autres encore autorisent à considérer monsieur de Jouëtte comme l’un des fondateurs de l’ostréiculture dans la Méditerranée ». D’autres récompenses prestigieuses lui seront attribuées et les coquillages de la rade de Toulon auront une réputation internationale. Des subventions lui furent accordées afin de dispenser son expertise y compris en Norvège.

Premiers parcs flottants

« René de Jouëtte s’installe donc à La Seyne, raconte Philippe da Prato, féru d’histoire seynoise et fondateur du site Internet « laseyneen1900.fr ». Il sollicite en novembre 1888 la concession d’un emplacement domanial dans la baie du Lazaret, demande refusée pour les raisons de « gêne pour les pêcheurs ». Il déposa un autre projet en 1889, refusé aussi. C’est alors qu’il imagine un dépôt flottant, une sorte de radeau tenu par des ancres et potentiellement mobile, et il demande une autorisation de mouiller devant les Mouissèques près de l’ancienne huîtrière de La Chapelle des morts, demande qui fut (enfin) acceptée ! En 1892, il établit alors son parc flottant dans les eaux de la Rouve : 60 m de long sur 21 m de large, fait de 128 compartiments : 64 pour les moules, 64 pour les huîtres. Il demande également un permis d’exploitation pour Brégaillon. Qu’il obtient, malgré la présence de l’arsenal tout proche. Il est aussi à l’origine du « chapelet de moules » avec étiquette plombée que nous connaissons tous. »

Roger, le fils peintre et pilote

La famille qui exploite les parcs de La Goubran et de Balaguier s’installe au château vert de Brégaillon. L’usine de traitement des coquillages est, quant à elle, installée dans l’ancien casino du Manteau sur la corniche de Tamaris.

René de Jouëtte et son épouse Claire sont désormais à la tête des Grands parcs de la Méditerranée. Ils ont un fils, Roger, né le 24 août 1884, il est déclaré « artiste peintre » quand il est appelé en 1905 au 9e de hussards où il sera brigadier puis maréchal des logis. 

Mobilisé en 1914, il passera à l’aviation maritime en 1917 et fera la guerre comme pilote basé à Miramas puis à Saint Raphaël. Marié à Renée Bascou en 1922 en Argentine, le héros de la Première guerre passera quelques années en Argentine d’abord en mission militaire, puis comme pilote civil (il avait acheté un avion lors de la liquidation des stocks militaires) et, reviendra finalement en France exercer le métier de son père et reprendre l’exploitation familiale.

Robert, premier pisciculteur

Patricia Biasetti et Robert de Jouëtte.

Il a deux enfants, Suzanne et Robert. C’est Robert qui reprend le flambeau. Il dut faire face à la suspension de l’élevage des coquillages dans la rade pour insalubrité en 1949, jusqu’à la création de l’émissaire et la construction de la marinière du Pin-Rolland en 1952, Puis il dut lutter, étant que président du syndicat des mytiliculteurs, pour la vente libre des coquillages. Dès 1974 Robert fut le premier pisciculteur de la rade à élever des loups, des daurades et des truites de mer.

Le 30 juin dernier, à 99 ans, il était heureux d’offrir « la Partègue » et « l’Éguillette » à Nathalie Bicais, comme un témoignage pictural de cette famille seynoise qui a ouvert la voie de l’aquaculture en France et dans le monde.

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